Dès notre arrivée sur terre, nous sommes confrontés à l’autre pour nous faire comprendre et faire entendre nos besoins primaires. Rapidement et instinctivement, une gestuelle s’établit. Puis, vient l’apprentissage des mots. Ils sont le premier vecteur articulé d’une interaction avec autrui et de la découverte de l’altérité. Au fil de notre vie, les mots vont continuer d’être le lien sacré entre nous et notre intériorité, entre nous et autrui. L’enfant qui apprend à parler structure naturellement ces phrases en allant à l’essentiel en utilisant trois sortes de mots : les noms qui le distinguent des objets extérieurs, les verbes qui énoncent ses déterminations et les adjectifs qui reflètent ses impressions et ses émotions.
Ce rapport avec les mots, qui permet à l’enfant de se situer par rapport à tout ce qui n’est pas lui (personne, objet) et de se dire, va s’enrichir des associations d’idées qu’il construira. Ces associations d’idées seront alimentées par des expériences sensorielles, visuelles, olfactives et émotionnelles. A l’âge adulte, les associations seront notamment nourries par l’apprentissage d’un vocabulaire technique lié à une profession et/ou des centres d’intérêts, ainsi que par des logiques qui se déclineront différemment en fonction du domaine de compétences.
Progressivement, au-delà de leur signification, chaque mot a pour l’être humain un sens et une résonance particulière. Ils sont le lien permanent entre nous et la réalité, mais également entre nous et nos illusions, nos certitudes, nos incertitudes, nos doutes, nos croyances, nos valeurs…
Je me confronte également à autrui au travers des mots. Ainsi, lorsque deux personnes communiquent, ce sont plus que deux langages qui se rencontrent, ce sont deux parcours de vie qui se croisent.
Pour comprendre l’autre, je dois donc prêter attention aux mots, mais aussi voir au-delà du sens que j’attache aux mots pour aller à la rencontre de l’autre et comprendre le sens qu’il donne aux mots, et ce qu’il me dit réellement.
Comprendre l’autre requiert donc une écoute active, une ouverture à l’autre, l’envie d’aller à sa rencontre mais aussi de s’exprimer clairement en prenant la responsabilité de se situer par rapport à l’autre et ce qu’il me dit ; ce qui nécessite, parfois, courage et, toujours, authenticité et intégrité.
Marshall ROSENBERG dit que "les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)".
Parfois, il nous est facile d’ouvrir la fenêtre. Certaines fois, l’aide d’un tiers est nécessaire. D'autre fois, malgré l’ouverture des interlocuteurs, le langage est si différent, qu’il faudra faire preuve de créativité, d’engagement et de remise en question pour construire une relation qui se fonde sur la croyance que ce qui nous unit est l’humain et qu’à ce titre tout est toujours possible, si je m’en donne les moyens et/ou que je suis aidé.
Les mots nous transforment tout comme ils transforment notre rapport à l’autre. Ils nous accompagnent inlassablement, même dans le silence. Ils sont une invitation perpétuelle à aller à la rencontre de nous-même et d’autrui. Ils nous ouvrent la voie vers plus de tolérance et de compassion. En cela, il recèle une part de sacralité.
Virginie MARTINS de NOBREGA
First published on 11th of June 2015
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